Vivre à la campagne sans voiture

Dans le billet précédent, j’avais parlé du rêve de vie à la campagne sans voiture, du point de vue d’un rêveur. Essayons maintenant de monter le même projet par un bricoleur. Le résultat serait plus ou moins celui-ci.

1) S’assurer que vivre à la campagne sans voiture est vraiment une priorité pour nous.
Avant d’entreprendre quelconque changement, mieux vaut vérifier notre motivation. Voulons-nous vraiment vivre à la campagne? Voulons-nous vraiment vivre sans voiture? Est-ce que nous faisons ce choix pour satisfaire nos besoins intérieurs, ou bien nous cherchons à satisfaire un besoin induit par l’extérieur?

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2) Esquisser un projet de vie
Voulons-nous vivre seulement à la campagne, ou aussi y travailler? Est quid des loisirs? Où aimerions-nous faire nos courses? Où scolariser nos enfants? Est puis quel type de campagne? Au lac? À la montagne? Au milieu des champs de betteraves? Toutes ces questions nous donneront un aperçu de notre projet de vie: à ce point nous saurons de quoi nous avons besoin, maintenant il faut trouver l’endroit qui va satisfaire tous ces besoins.

Yvonand
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3) dresser une première liste d’endroits où habiter
À ce point là, on peut commencer à dresser une première liste d’endroits susceptibles d’accueillir notre projet de vie: étant donné que nous sommes sans voiture, il s’agira probablement de villages proches d’une gare de chemin de fer, avec des écoles et des commerces sur place.

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4) Étudier les réseaux et horaires des transports publics locaux
En Suisse, la plupart des villages (par exemple, Bavois, Romainmôtier, Yvonand), sont desservis par le train au moins une fois par heure, de 5-6 heures du matin à minuit (on trouve tous les horaires sur le site des CFF). En France, l’offre en transports publics est moins bonne:  Des villes et villages situés le long d’une ligne de chemin de fer (par exemple, Bellegarde, Culoz, Ambérieu-en-Bugey) sont desservis une fois toutes les heures ou toutes les deux heures (généralement, jusqu’à 19h-20h), tandis que des villes et villages le long d’une ligne secondaire sont desservis quelques fois par jour (on trouve les horaires sur le site des SNCF). Votre choix dépendra beaucoup de votre style de vie: si vous pensez de bouger beaucoup, un village bien connecté est un choix presque obligé. De plus, si vous pensez d’habiter à la campagne et de travailler en ville, sachiez que vous ne serez pas le seuls à faire ce choix, et que les transports seront bondés aux heures où vous seriez censés les utiliser.

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5) Choisir un village vivant
Plusieurs villages ont vu leurs écoles et leurs commerces fermer, concurrencés par les services en ville et par les centres commerciaux de banlieue. Il faudra donc choisir un village ayant les services de base à proximité.

Romainmôtier
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6) Étudiez toutes les solutions de transport
Pour rejoindre des endroits non desservis par les transports publics on peut aussi utiliser un vélo, organiser un covoiturage (on peut réserver facilement des covoiturages sur BlaBlaCar), ou réserver un taxi. On peut aussi étaler un voyage sur plusieurs jours, et dormir dans un hôtel ou une chambre d’hôtes si on doit aller en ville ou dans un autre village. Chaque moyen de transport a ses particularités: le vélo fonctionne bien les jours de beau temps, un peu moins bien sous la pluie, et le covoiturage marche bien dans les heures de pointe (le matin et le soir pour les trajets pendulaires, le weekend et lors des grandes vacances pour les longs trajets), moins bien aux heures creuses. Les taxis et les hôtels sont assez chers, mais avec l’argent qu’on gagne en n’ayant pas de voiture, on peut se permettre ces dépenses.

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7) Partagez
À la ville, on trouve tout facilement: on a une vaste offre de commerces et de loisirs et tout est à proximité. À la campagne avec une voiture, on trouve tout facilement: commerces et loisirs sont plus lointains, mais on peut les rejoindre très facilement. À la campagne sans voiture, l’offre devient plus restreinte: d’où l’intérêt à partager ses ressources. On pourrait par exemple s’échanger des petits services (cuisine, courses, garde des enfants), partager des ressources (outils de travail, voitures) ou tout simplement socialiser. Pour ce faire, on peut aller à la rencontre de ses voisins, rejoindre une société locale, ou vivre de manière communautaire dans un habitat partagé ou dans un écovillage (comme celui-ci).

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Pour la petite histoire, j’ai fait moi-même cette démarche. Pour moi c’était très important de pouvoir vivre sans voiture (je déteste conduire), mais ce n’était pas primordial d’être à la campagne: être à la campagne en 10-15 minutes de marche me suffisait. Donc, je continue à vivre en ville, mais je travaille pour la plupart à la campagne, et les weekends je suis souvent en balade. J’utilise beaucoup les transports publics (souvent à l’envers des flux principaux de trafic) et quelques fois le vélo.  Les photos que illustrent cet article représentent des endroits où j’ai vécu ou que j’ai fréquenté régulièrement.

11 réponses à « Vivre à la campagne sans voiture »

  1. […] avons travaillé longuement sur le sujet, notamment avec notre guide pour vivre à la campagne sans voiture, et notre proposition d’écoquartier à basse densité. Vous voulez en savoir plus? […]

  2. […] des projets d’écovillage, on veut imposer des règles communes: parfois il s’agit de renoncer à la voiture, des fois il s’agit de manger végan ou de trier ses déchets, des autres fois il […]

  3. […] une vie de petite famille suburbaine comme dans les années 60-70. Les gens partent souvent seuls, parfois sans voiture, et portent avec eux certains élements de leur vie urbaine. Ils rencherchent […]

  4. […] compléter cette courte expérience, voir le blog « La ville nouvelle », un collectif d’architectes, sur le thème « Vivre à… (en […]

  5. […] relié aux réseau de transports publics, de manière à rendre possible une vie sans voiture même dans un environnement […]

  6. […] moment d’écrire cet article, j’étais intentionné à vivre en ville, avec juste la possibilité d’aller à la […]

  7. […] Pour faire un exemple, prenons le même thème (la vie à la campagne sans voiture) et analysons-le du point de vue d’un bricoleur. Les résultats de cette analyse sont dans le prochain billet. […]

  8. […] transports publics, et qui se vendent à des prix intéressants (une configuration qui permet de vivre à la campagne sans voiture). Dans l’image ci-dessous, nous avons indiqué en vert les communes qui nous semblent […]

  9. […] Tout d’abord, nous avons choisi une région, le Nord Vaudois, et nous avons dressé une liste de communes dans lesquelles chercher: des communes avec une bonne desserte en transports publics, de la campagne à proximité et une disponibilité de terrains, de manière à pouvoir vivre à la campagne sans voiture. […]

  10. […] (ce billet est également publié sur La Ville Nouvelle) […]

  11. […] Pour faire un exemple, prenons le même thème (la vie à la campagne sans voiture) et analysons-le du point de vue d’un bricoleur. Les résultats de cette analyse sont dans le prochain billet. […]

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